La région Picardie

  1. Région de Picardie

Ancienne région française, la région Picardie a fusionnée en 2016 avec la région Nord-Pas-de-Calais pour ne créer qu'une seule et grande région, la région Hauts-de-France.

Formée des départements de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne, la Picardie moderne correspond à l'ancienne province éponyme amputée au nord du Boulonnais et augmentée au sud de territoires provenant du domaine royal et dans une moindre mesure de la Champagne.
Traversée par la Somme, cette région principalement sédimentaire est baignée par la Manche à l'ouest et occupée par l'extrémité occidentale du massif des Ardennes au nord-est.
Forte d'un secteur primaire développé, elle compte également de nombreuses activités manufacturières.
Alors que la langue régionale picarde est parlée sur la plus grande partie de la région, la frange sud de celle-ci se trouve dans l'aire de diffusion du français d'Île de France et le sud-est de l'Aisne dans celle du champenois.

Occupée au Ier siècle av. JC par les tribus belges des Ambiens au nord-ouest, des Viromanduens au nord-est, des Bellovaques et des Silvanectes dans le département de l'Oise ainsi que des Suessions dans le sud de l'Aisne, la région est le théâtre en 57 av. JC de la bataille de l'Aisne qui voit une coalition de peuples belges menée par les Bellovaques, les Suessions et les Nerviens être écrasée par les légions de César qui vont ensuite soumettre successivement les Suessions, les Bellovaques et les Ambiens.
L'anéantissement lors de la bataille du Sabis d'une seconde coalition menée par les Nerviens permet à César d'achever la conquête de la région.
Les tentatives de renversement de l'autorité romaine qui se manifestent en 52 av. JC par l'envoi de troupes belges au secours de Vercingétorix puis en 51 av. JC par la révolte du chef Bellovaque Corréos se soldent par des échecs. La région pacifiée est rattachée à la Gaule Belgique.
Après la chute du royaume de Syagrius en 486, elle est intégrée au royaume de Clovis qui transfert sa capitale dans la ville de Soissons. Partagée entre les royaumes de Paris et de Soissons à la mort du souverain en 511, elle sera par la suite rattachée à la Neustrie, à l'exception d'une petite période au début du VIIe siècle où elle va faire partie de l'Austrasie.
Après son sacre à Soissons en 751, Pépin le Bref décide de quitter la région pour s'installer à Paris.
Rattachée à la Francie occidentale lors du traité de Verdun, la Picardie est victime de raids vikings durant tout le IXe siècle.
Charles le Simple qui ne possède que les comtés de Soissons et de Laon est destitué en 922 par les grands du royaume qui s'emparent de ses territoires. Le comte de Paris Robert se fait alors couronner roi puis, suite à sa mort lors de la bataille de Soissons en 923, le trône usurpé échoue à son gendre Raoul. Trahi par son ancien soutien le comte Herbert de Vermandois qui le fait prisonnier, Charles qui s'était réfugié en Lotharingie meurt en captivité en 929.
En 936, le fils de Charles le Simple est rappelé de son exil en Angleterre pour succéder à Raoul.
Louis IV d'Outremer qui ne possède qu'un territoire très réduit lors de son arrivée cherche rapidement à se soustraire de la tutelle du duc des Francs Hugues le Grand qui va alors s'allier à Otton Ier pour écraser l'armée royale en 942, avant de commanditer la capture du roi par les Normands en 945. Après avoir été libéré par le perfide Hugues en échange de la ville de Laon, le roi parvient à reprendre possession d'une partie de ses territoires et à rétablir son autorité.
Avec le décès sans descendance de son petit-fils et le couronnement du robertien Hugues Capet, fils d'Hugues le Grand, la dynastie carolingienne s'éteint et le centre du pouvoir royal se trouve déplacé de la Picardie vers l'Orléanais et l'Île de France.
Alors que la première grande chevauchée de la guerre de Cent Ans s'est déroulée plus au nord, les Anglais en organisent une nouvelle en 1346 durant laquelle la région est pillée et l'armée française décimée au cours de la bataille de Crécy.
Très affaiblie après cette défaite et celle de Poitiers, la France qui se trouve dans une situation délicate que l'échec de la chevauchée anglaise de 1349 ne va pas parvenir à contrebalancer signe le traité de Brétigny en 1360 qui cède aux Anglais une grande partie des territoires du sud-ouest ainsi que le comté de Ponthieu qui avait fait partie de l'Empire Plantagenêt au XIIe siècle. Ce dernier a toutefois été reconquis dès 1369, enclenchant la reprise rapide des principaux territoires perdus.
Profitant de l'opposition entre Armagnacs et Bourguignons, les Anglais relancent les hostilités en 1415 et, après avoir conquis une partie de la Normandie, traversent la région pour rembarquer à Calais. Leur victoire écrasante sur les Français à Azincourt leur permet de revenir deux ans plus tard et d'entamer la conquête du nord de la France, assistés des Bourguignons.
En 1435, le traité d'Arras cède le comté de Ponthieu, les villes de la Somme et le comté de Vermandois à Philippe III de Bourgogne, en échange de sa reconnaissance de Charles VII comme roi de France.
Rachetée par Louis XI en 1463, soit dix ans après la fin de la guerre de Cent Ans, la région de la Somme devient à nouveau bourguignonne en 1465, suite à la victoire de Charles le Téméraire sur les troupes royales. Désireux d'accroître encore ses possessions, Charles ravage le sud de la région moderne en 1472 mais échoue à prendre Beauvais. Sa mort en 1477 permet à Louis XI de reprendre la Picardie.
En raison d'une forte implantation de la Ligue catholique, la région va être le théâtre de multiples affrontements au cours de la huitième guerre de religion qui vont aboutir à la victoire d'Henri IV sur les ligueurs et les Espagnols.
Touchée par les combats durant la guerre de Trente Ans puis lors de la Fronde, la Picardie perd sa position frontalière en 1659, lorsque le traité des Pyrénées qui met fin à la guerre avec l'Espagne accorde l'Artois à la France.
Après la chute de Napoléon en 1815, la région est occupée par les Anglais sur la majeure partie de son territoire, à l'exception du sud-est qui est placé sous le contrôle des Prussiens.
Affectée durant le dernier mois de la guerre franco-prussienne de 1870 par les combats entre l'armée du nord et les Prussiens, la région va être occupée par ces derniers jusqu'au versement de la première tranche de l'indemnité de guerre.
Suite à l'arrêt de l'avancée allemande sur la Marne en 1914, la partie occidentale du front qui traverse la région connaît une intensification des combats avec le déclenchement de la course à la mer puis, alors qu'aucun camp ne parvient à déborder l'ennemi, le front se stabilise et les armées creusent un vaste réseau de tranchées, mettant fin à la guerre de mouvement.
Pour tenter de mettre un terme à cette situation, les forces franco-britanniques lancent une vaste offensive dans la Somme le 1er juillet 1916. Bien que les Allemands reculent fasse aux bombardements et aux assauts, leurs lignes résistent et la bataille se transforme en une bataille d'usure très meurtrière.
Afin de réduire la longueur du front, les Allemands entreprennent dès 1916 la construction de la ligne Hindenburg sur laquelle ils vont se replier en février et mars 1917.
Pensant pouvoir percer les lignes allemandes par une nouvelle offensive d'envergure, le général Nivelle lance d'importantes forces françaises à l'assaut du chemin des Dames le 16 avril 1917.
En dépit de pertes humaines considérables, l'attaque est un cuisant échec et les combats qui devaient être brefs perdurent jusqu'à la victoire non décisive de la Malmaison le 24 octobre.
Espérant parvenir à remporter la victoire avant le déploiement du contingent américain, les Allemands profitent du retrait des Russes du conflit pour relancer la guerre de mouvement.
Alors que l'offensive lancée en Picardie le 21 mars 1918 ne leur a pas permis de réaliser la percée escomptée en dépit d'une progression sensible, ils décident de concentrer leurs efforts plus au sud, ce qui conduit au déclenchement de la troisième bataille de l'Aisne le 27 mai 1918. Après avoir réussi à repousser le front, ils sont une nouvelle fois stoppés sur la Marne puis, la seconde bataille de la Marne connaît un tournant le 18 juillet avec une contre-offensive des alliés qui reprennent en quelques jours une partie du terrain cédé.
Après une série d'attaques de faible envergure, les alliés lancent une vaste offensive le 8 août qui va parvenir à enfoncer les lignes allemandes et mener à l'armistice.
Traversé par le front durant tout le conflit, l'est de la région a vu une partie conséquente de son territoire dévasté et plusieurs communes ravagées ont dû être placées en zone rouge.
Lors du second conflit mondial, les Allemands qui entament l'invasion du Benelux le 10 mai 1940 atteignent le nord de la France en seulement quelques jours.
En dépit de la forte résistance française lors de la bataille d'Amiens qui se déroule du 20 mai au 8 juin ainsi qu'au niveau de la ligne Weygand, les Allemands traversent la Somme le 5 juin puis entrent dans Paris le 14 juin, avant de déferler au sud de la Loire quelques jours plus tard, ce qui conduit à la reddition française le 22 juin.
Partagée entre la zone occupée au sud et la zone fermée interdite aux réfugiés au nord, la région est libérée à la fin du mois d'août 1944.

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