La région Nord-Pas-de-Calais

  1. Région du Nord-Pas-de-Calais

Ancienne région française, la région Nord-Pas-de-Calais a fusionnée en 2016 avec la région Picardie pour ne créer qu'une seule et grande région, la région Hauts-de-France.

Composée des départements du Nord et du Pas-de-Calais, la région Nord-Pas-de-Calais dont les côtes sont baignées par la Manche et la Mer du Nord est une région frontalière de la Belgique dont la majeure partie qui appartenait aux anciens Pays-Bas espagnols est devenue française au XVIIe siècle.
Composée des anciennes provinces du Boulonnais, de la Flandre française, de l'Artois, du Hainaut français et du Cambrésis, cette région de faible altitude possède un relief vallonné sur sa partie sud et sur sa frange orientale qui s'étend sur les Ardennes tandis que son tiers septentrional constitue l'extrémité occidentale de la grande plaine d'Europe du Nord.
Alors qu'elle possède un climat de type océanique, celui-ci est d'autant plus altéré par des influences continentales que l'on s'éloigne de la bande côtière.
Ancienne région minière densément peuplée qui consacre une part élevée de ses terres fertiles à l'agriculture, elle possède toujours un important tissu industriel et tire profit d'une position privilégiée entre le Benelux et la Grande-Bretagne à laquelle elle est reliée par le tunnel sous la Manche.
Alors que la majorité de la région se situe dans l'aire de diffusion du picard qui y est fréquemment appelé ch'ti et que la ville de Dunkerque possède un dialecte roman teinté de vocabulaire flamand, le nord du département du Nord parle une langue régionale non romane, à savoir le flamand occidental.

Fruit des migrations celtes successives qui ont eu lieu entre le Ve et le IIe siècle av. JC, la population de la région se compose, au moment de la conquête de la Gaule par César, des Morins et des Ménapiens qui se partagent la zone côtière du nord-ouest, des Nerviens qui occupent l'est du département du Nord, des Atrebates qui sont établis dans le sud et l'est du Pas-de-Calais et probablement de Viromanduens dont le nord du territoire devait englober l'extrême sud-est.
Durant la conquête de la Belgique qui débute en 57 av. JC, une coalition auxquels participent les Atrebates est écrasée par les Romains lors de la bataille de l'Aisne puis une seconde composée des Nerviens, des Atrebates et des Viromanduens est vaincue lors de la bataille du Sabis.
Refusant l'occupation romaine, les Nerviens vont participer aux soulèvements de 54 av. JC puis, tout comme les Atrebates et les Morins, vont envoyer des renforts à Vercingétorix lors de la bataille d'Alésia. Sortis victorieux de cet affrontement, les Romains vont ensuite mater les dernières tentatives de révoltes menées en 51 av. JC, en particulier par les Atrebates.
Rattachée à la Gaule Belgique, la région dont la christianisation débute au IIIe siècle va subir les pillages de peuples germaniques aux IIe et IIIe siècles.
Les Francs saliens qui s'étaient établis au niveau des Pays-Bas actuels lors de l'arrivée massive de Germains dans l'empire permise par le gel du Rhin de 406 vont profiter de l'affaiblissement du pouvoir romain pour s'installer dans la région en 428. Vaincus par Aetius en 431 ils vont toutefois, en raison de l'impossibilité pour celui-ci de disposer de forces suffisantes pour maintenir son autorité sur le territoire repris à Clodion, obtenir le statut de peuple fédéré, ce qui va leur conférer une assise territoriale propice à l'émergence de la dynastie mérovingienne.
Cette installation massive de nouvelles populations dans le nord de l'empire va conduire au déplacement de la frontière linguistique, ce qui va individualiser le nord de la région où la langue des nouveaux arrivants va s'imposer du sud où le latin va parvenir à se maintenir.
A la mort de Clovis, la région est rattachée au royaume de Soisson puis, après le décès de Clothaire I qui était parvenu à réunifier le royaume, est intégrée à l'Austrasie.
Originellement païens, les Francs vont accélérer leur conversion au christianisme après le baptême de Clovis, avant d'y adhérer massivement sous le règne de Dagobert.
Lors du partage du royaume de Charlemagne par le traité de Verdun en 843, la frontière entre Francie occidentale et Francie médiane est placée sur l'Escaut, ce qui scinde la région en deux.
Après avoir reçu l'Artois en dot en 1180, Philippe Auguste remporte une victoire à Bouvines en 1214 sur une coalition formée notamment de l'empereur du Saint Empire, du roi d'Angleterre, du comte de Flandre et du duc de Brabant, ce qui lui permet de rétablir de manière effective son autorité sur la Flandre et le Hainaut.
Après le déclenchement de la guerre de Cent Ans en 1337, Édouard III entreprend une campagne en 1339 qui se termine par son échec à prendre la ville de Cambrai.
La chevauchée qui débute en 1346 ravage les régions côtières et le siège de la ville de Calais se solde par sa reddition en 1347. La peste noire qui atteint la région à la fin de l'année 1348 entraîne une baisse significative de la population.
Tandis qu'en 1380 le roi Charles V est parvenu à reprendre aux Anglais la majorité des territoires cédés lors de la première phase de la guerre, Calais reste sous leur domination.
Profitant de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui éclate à la mort de Charles V, les Anglais parviennent à conquérir le nord de la France tandis que leur alliés bourguignons qui possédaient les comté d'Artois et de Flandre depuis le mariage de Philippe le Hardi avec Marguerite de Flandre en 1369 ravissent le comté de Boulogne à la veuve du duc de Berry en 1416.
En 1435, lors de la signature du traité d'Arras par lequel le duc de Bourgogne reconnaît le roi de France, la majorité de la région fait partie des Pays-Bas bourguignons.
A la fin de la guerre, les Anglais parviennent à rester maîtres du Calaisis.
A la mort de Charles le Téméraire en 1477, Louis XI s'empare de la Picardie voisine et du Boulonais puis, à la mort de Marie de Bourgogne qui avait épousée l'empereur Maximilien d'Autriche, la France décide d'envahir le comté d'Artois. Elle obtient en 1482 qu'il lui soit apporté en dot lors du mariage de Marguerite de Bourgogne avec le dauphin Charles et parvient à maintenir l'hommage du comté de Flandre au roi de France. Le comté d'Artois est toutefois rendu lorsque le mariage de Charles VIII est annulé au profit d'une union avec Anne de Bretagne.
Suite aux lourdes défaites de François Ier face à Charles Quint, la France est contrainte de renoncer à ses prétentions sur les comtés de Flandre et d'Artois.
La ville de Calais est rachetée aux Anglais en 1559, après sa prise l'année précédente.
Fortement touchés par la Réforme protestante, les Pays-Bas espagnols vont, après une première insurrection réprimée par le pouvoir espagnol dans les années 1560, se scinder en deux entités en 1581. Tandis que les provinces du nord vont parvenir à l'indépendance et former les Provinces-Unies, celles du sud vont demeurer sous le contrôle de Madrid et faire l'objet d'une intense Contre-Réforme.
Après un retour de la prospérité, la région qui est épargnée par les premiers combats de la guerre de Trente Ans devient un théâtre d'opérations militaires en 1635. Après avoir réussi à prendre progressivement des places fortes en Artois et en Flandre, la France parvient avec sa victoire à Lens en 1648 à imposer ses conditions à l'Espagne. Elle annexe ainsi plusieurs territoires situés plus à l'est mais évacue ses conquêtes dans les Pays-Bas méridionaux.
Suite aux victoires militaires du début du règne de Louis XIV, l'Artois et des places-fortes des Flandres deviennent Français par le traité des Pyrénées de 1659.
Le roi achète ensuite Dunkerque aux Anglais en 1662, s'empare des villes de Lille et Douai en 1667 puis de Valenciennes et Cambrais en 1677. Le traité de Nimègue de 1678 officialise finalement la cession de nombreuses places-fortes par l'Espagne.
Afin de protéger la nouvelle frontière, Vauban est chargé d'ériger des places fortes.
Dans le contexte de la guerre de Succession d'Espagne, Lille est occupée par une coalition ennemie de 1708 à 1713.
Après le siège et la destruction des villes de Lille, Dunkerque et Valenciennes qui fait suite à l'entrée en guerre contre l'Autriche en 1790 puis l'occupation du Hainaut français de 1793 à 1794, la France parvient à renverser la situation et annexe les Pays-Bas autrichiens qui avaient eux même été agités en 1787 par la révolution brabançonne puis en 1789 par la révolution liégeoise.
Après la défaite de Waterloo, la région est occupée par les Britanniques de 1815 à 1818.
Métamorphosée par la révolution industrielle, la région qui tire sa richesse du charbon et du textile devient le théâtre de grands mouvements ouvriers qui militent pour de meilleurs conditions de travail.
Après l'arrêt des troupes allemandes sur la Marne en 1914, le front est repoussé puis se stabilise dans la région, ce qui va y entraîner des dégâts considérables renforcés en 1918 par le sabotage des installations industrielles pratiqué par les Allemands en déroute. De vastes territoires devenus inhabitables doivent ainsi placés en zone rouge à l'issue de la guerre.
Face à l'avancée rapide des armées allemandes en 1940, les troupes anglo-françaises se retrouvent rapidement dépassées. La résistance de la poche de Lille va toutefois permettre aux forces bloquées dans la poche de Dunkerque d'embarquer pour l'Angleterre.
Après la signature de l'armistice, les populations qui avaient fui devant l'avancée des troupes allemandes peinent à retourner chez elles, la région qui se trouve rattachée à l'administration militaire de la Belgique et du Nord ayant été placée en zone interdite par l'occupant.
Tandis que les moyens de production sont utilisés par les Allemands pour soutenir leur effort de guerre et que les grèves sont durement réprimées, le littoral se couvre de bunkers à partir de 1942. Afin de faire croire à un débarquement dans le Nord-Pas-de-Calais, les Alliés bombardent massivement la côte de la région en juin 1944. Elle ne sera cependant libérée qu'en septembre 1944, à l'exception de Dunkerque qui restera aux mains des Allemands jusqu'à l'armistice.
Alors que la nationalisation des houillères au sortir de la guerre va permettre d'accélérer la reconstruction, la faible diversification de l'industrie dans les années 1970 va amplifier les effets de la fermeture des mines et du déclin de la sidérurgie et du textile.

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