Le pays d'outre-mer de Polynésie-française

1. Polynésie-française

Située entre les îles Cook à l'ouest et les îles Pitcairn à l'est soit environ à 6 000 kilomètres à l'est de l'Australie et à 7 000 kilomètres des côtes sud-américaines, la Polynésie française qui regroupe cinq archipels de l'Océanie orientale comporte 118 îles dont 67 habitées réparties sur un territoire océanique de cinq millions de kilomètres carrés, ce qui représente environ la moitié des eaux sous souveraineté française.
Outre les îles Marquises au nord-est et l'archipel des Australes au sud-ouest, elle comprend d'ouest en est les îles de la Société elles même formées des îles Sous-le-Vent et des îles du Vent, l'archipel des Tuamotu ainsi que celui des Gambiers.
Disposées en chapelets du fait de leur formation au niveau de points chauds, les îles de Polynésie qui naissent lorsqu'un volcan sous-marin parvient à émerger des eaux présentent une grande variété de morphologies qui correspondent aux différents stades de leur évolution géologique. Soumises à une intense érosion couplée à un phénomène de subsidence qui se traduit par leur enfoncement progressif, les îles hautes qui disparaissent immanquablement sous la surface peuvent dans certains cas perdurer sous la forme d'atolls coralliens formés sur leurs flancs immergés.
Selon la morphologie des formations coralliennes qui les accompagnent, les îles hautes peuvent être séparées en plusieurs catégories. A la différence des îles comme les Marquises dont les récifs n'atteignent généralement pas la surface et de celles comme Tahiti qui possèdent des récifs frangeants, certaines s'accompagnent d'importants récifs barrières qui peuvent selon les cas être nus ou comporter sur leur couronne récifale de petits îlots sableux appelés des motus.
Principale île du territoire sur laquelle se situe la capitale Papeete, Tahiti qui fait face à l'île plus petite de Moorea est formée de deux anciens vo ... Lire la suiteent immanquablement sous la surface peuvent dans certains cas perdurer sous la forme d'atolls coralliens formés sur leurs flancs immergés.
Selon la morphologie des formations coralliennes qui les accompagnent, les îles hautes peuvent être séparées en plusieurs catégories. A la différence des îles comme les Marquises dont les récifs n'atteignent généralement pas la surface et de celles comme Tahiti qui possèdent des récifs frangeants, certaines s'accompagnent d'importants récifs barrières qui peuvent selon les cas être nus ou comporter sur leur couronne récifale de petits îlots sableux appelés des motus.
Principale île du territoire sur laquelle se situe la capitale Papeete, Tahiti qui fait face à l'île plus petite de Moorea est formée de deux anciens volcans reliés par l'isthme de Taravao dont le plus élevé, l'Orohena, culmine à 2 241 mètres au dessus du niveau de la mer.
Lorsqu'une île en grande partie enfoncée émerge au milieu d'un vaste lagon comme c'est fréquemment le cas dans les îles Sous-le-Vent, on la classe généralement parmi les presqu'atolls qui font référence à un stade aux limites floues entre l'île haute et l'île basse aussi appelée atoll qui désigne la phase où l'île volcanique a entièrement disparue et que seul subsiste un récif affleurant tel qu'on en rencontre dans les Tuamotu qui sont exclusivement constituées d'atolls parsemés sur un plateau dont l'immersion est inférieure à 1 000 mètres. Fréquemment entrecoupés de passes permettant les circulations d'eau entre le lagon et l'océan lorsqu'ils affleurent à la surface, les atolls peuvent être surélevés suite à un abaissement du niveau marin ou à des mouvements tectoniques, laissant alors apparaître le fond du lagon à la surface, comme c'est le cas pour l'île de Makatea dans l'archipel des Tuamotu ou celle de Rimatara dans celui des Australes.
On peut également signaler l'existence de nombreux guyots qui sont des montagnes sous-marines à sommet plat dont certaines sont d'anciens récifs coralliens qui ont continué à s'enfoncer après que leur croissance se soit interrompue.
De par son étendue, la Polynésie française connaît une relative disparité climatique, le climat tropical maritime étant marqué par une aridité s'accroissant du sud-ouest au nord-est tout en se rafraîchissant progressivement en direction du sud. Les îles hautes connaissent en outre une inégale répartition des précipitations liée à leur relief qui se manifeste par une côte exposée au vent davantage arrosée que celle sous le vent.
Alors que les secteurs du tourisme, de la production perlière et de la culture de la vanille connaissent des difficultés, l'économie polynésienne qui repose essentiellement sur les services et les productions vivrières souffre de ses faibles volumes d'exportations. Indexée sur l'euro, la monnaie en circulation dans les îles est le franc Pacifique.
Composée à 78 % de Polynésiens, 12 % d'Européens et 10 % d'Asiatiques principalement chinois, la population très majoritairement chrétienne du territoire se partage essentiellement entre les Églises catholique et protestante ma'ohi qui fédèrent chacune 38 % des habitants et plusieurs cultes d'obédience mormone, adventiste ou encore pentecôtiste.
Bien que le français soit l'unique langue officielle, plusieurs langues régionales enseignées à l'école restent en usage parmi la population avec toutefois une plus forte représentation du tahitien qui compte un nombre élevé de locuteurs alors que le marquisien, le paumotu, le mangarevien ou encore les langues australes et le rapa se trouvent dans une situation moins favorable.

Colonisée par des Austronésiens qui atteignirent les Marquises puis les îles de la Société lors des trois premiers siècles de notre ère, avant de s'installer dans les Australes vers l'an mil puis dans les Tuamotu et les Gambier au XIIe siècle, la Polynésie est restée inconnue des Européens jusqu'au passage de Magellan en 1521 près d'un atoll qui semble être celui de Puka Puka dans les Tuamotu.
Malgré la découverte en 1595 du sud des Marquises par les Espagnols qui nommèrent l'archipel en l'honneur de la Marquise de Mendoza, épouse du vice-roi du Pérou qui avait commandité l'expédition, suivie en 1606 et 1616 de celle de plusieurs îles des Tuamotu par les Espagnols puis les Hollandais, cette région est délaissée par les navigateurs européens jusqu'en 1722.
Abordée par Wallis en 1767, par Bougainville en 1768 puis à plusieurs reprises par Cook qui va baptiser l'archipel dans lequel elle se trouve îles de la Société en 1769, Tahiti où une tentative d'implantation d'une mission espagnole en 1774 se solde par son départ dès 1775 n'a plus de contact avec les Européens jusqu'à l'arrivée en 1788 de la Bounty qui était venu y collecter des plants d'arbre à pain pour tenter de les acclimater en Amérique.
Peu après son départ en 1789, le navire est victime d'une mutinerie motivée par la violence et l'injustice du capitaine qui est alors débarqué sur une chaloupe avec une partie de l'équipage demeuré fidèle. Après une tentative avortée d'installation sur l'île australe de Tubuai, les mutins reviennent à Tahiti où ils déposent seize membres d'équipage puis se dirigent vers l'île Pitcairn après avoir enlevé plusieurs Tahitiens. Appréhendés par la marine britannique en 1791, les marins restés à Tahiti sont envoyés en Angleterre pour y être jugés mais plusieurs d'entre eux perdent la vie lors du naufrage du bateau chargé de les y ramener.
Soutenu par les Anglais qui lui fournissent des armes, le chef tahitien Tu prend progressivement l'ascendant sur les autres chefferies de l'île et parvient à faire reconnaître son autorité sur l'ensemble des clans en 1791, avant d'envahir l'île de Moorea en 1794.
Alors que l'année 1791 voit également l'amiral français Etienne Marchand prendre possession des Marquises qu'il renomme pour l'occasion îles de la Révolution, 1797 marque l'arrivée de missionnaires britanniques à Tahiti et aux Marquises ainsi que la découverte des Gambier par James Wilson qui les baptise du nom de l'amiral qui soutient son expédition. Véritable échec, la tentative d'évangélisation des Marquises est abandonnée en 1799.
Autoproclamé roi en 1802 sous le nom de Pomare I, le chef Tu meurt l'année suivante, laissant le pouvoir à son fils qui, après avoir supervisé un massacre en 1807, doit se réfugier avec les missionnaires anglais à Moorea en 1808 pour échapper à la révolte des autres clans.
Converti au christianisme en 1815 Pomare II parvient, avec l'aide des Anglais, à reprendre le contrôle de Tahiti en remportant la bataille de Fei-pi. Il fait alors détruire toutes les traces de la religion traditionnelle et soutient l'action des missionnaires britanniques.
En conflit avec les Anglais, les Américains établissent une base navale aux Marquises en 1813 qu'ils vont cependant abandonner une fois la guerre terminée.
En 1824, la dernière île polynésienne encore inconnue des Européens est découverte dans les Australes.
Arrivés en 1834 aux îles Gambier qui seront intégralement évangélisées en 1838, les missionnaires catholiques de l'ordre des pères et religieuses des Sacrés-Coeurs de Picpus s'établissent à Tahiti en 1836 d'où ils sont rapidement chassés sur demande des Anglais puis aux Marquises en 1838 et aux Touamotu en 1849. Après l'annexion des Marquises par le contre-amiral Abel Aubert du Petit-Thouars en 1842, celui-ci se rend à Tahiti où il signe un protectorat avec la reine qui, influencée par le pasteur anglais Pritchard, dénonce l'accord l'année suivante en refusant de hisser le drapeau français.
Les Français annexent alors le royaume après avoir destitué la souveraine et combattent un soulèvement de Tahitiens favorables aux Anglais jusqu'en 1846. L'annexion n'ayant pas été validée par le roi de France, le protectorat est rétabli en 1845 et la reine qui s'était exilée retrouve le pouvoir en 1847. Signée la même année par les Français et les Anglais, la Convention de Jarnac engage les deux signataires à ne pas s'emparer des îles Sous-le-Vent.
Les îles australes de Tubuai et de Raivavae appartenant aux monarques Pomare, la première est intégrée dans le protectorat dès 1842 tandis que la seconde l'est en 1861.
Alors que les Tuamotu deviennent un protectorat français en 1844, la demande de protectorat formulée la même année par les îles Gambier ne sera jamais ratifiée par la France.
Les Marquises accueillent un bagne en 1852 mais, en raison de son trop fort isolement, il est abandonné dès 1854 et les prisonniers sont transférés en Nouvelle-Calédonie qui est rattachée administrativement à la Polynésie de 1853 à 1860.
La fin du XIXe siècle est marquée par l'arrivée d'Européens et de Chinois à Tahiti, un important groupe de coolies débarquant notamment en 1865 pour travailler dans une plantation de coton qui fit faillite en 1873.
En 1880, le roi de Tahiti Pomare V cède son royaume à la France qui profite de cette annexion pour fonder la colonie des Établissements français d'Océanie (EFO) afin de regrouper ses diverses possessions dans le Pacifique au sein d'une entité unique.
La même année, un corps expéditionnaire est envoyé aux îles Marquises en vue de pacifier un archipel délaissé par l'administration et l'armée depuis 1860.
Afin d'empêcher les Allemands de s'implanter dans les îles Sous-le-Vent, Raiatea et Tahaa sont placées à leur demande sous protectorat français en 1880, protectorat qui ne peut toutefois être que de nature provisoire pour respecter la Convention de Jarnac dont seule l'abrogation en 1887 permettra d'envisager une prise de contrôle de l'archipel.
L'annexion des Tuamotu qui s'appelaient initialement Pomotu est elle aussi réalisée en 1880, suivie en 1881 par celle des Gambiers ainsi que par la mise sous protectorat de l'île de Rapa qui sera ensuite annexée en 1887.
La décision d'annexer les îles Sous-le-Vent en 1888 provoquant une vive opposition sur les îles de Huahine, Raiatea et Tahaa, un soulèvement y éclate qui va s'achever en 1897 sur une victoire militaire française.
Malgré sa volonté de devenir un protectorat français, l'île de Pâques ne suscite par l'intérêt de l'administration et rien n'est entrepris pour empêcher son rattachement au Chili en 1888.
Les îles Sous-le-Vent dont les habitants ne se verront pas accorder le statut de citoyen mais celui moins favorable d'indigène sont définitivement annexées en 1898, suivies en 1900 et 1901 par Rurutu et Rimatara où un protectorat avait été établi en 1889.
Alors que la Polynésie reste épargnée par les combats de la Première Guerre mondiale, à l'exception de la ville de Papeete qui fut bombardée par la marine allemande en 1914, elle n'échappe pas à l'épidémie mondiale de grippe espagnole qui la frappe en 1918-1919.
Après que la colonie ait rejoint la France Libre en 1940, suite à un referendum organisé à Tahiti et Moorea, l'armée américaine installe une base à Bora-Bora qui va accueillir jusqu'à 6 000 soldats en 1942.
Suite à la réforme du statut des colonies par la Constitution de 1946 qui crée l'Union française, les Établissements français d'Océanie deviennent un territoire d'outre-mer et leurs habitants obtiennent le droit de vote.
Alors que le décret d'application de la loi-cadre Defferre dote en 1957 le territoire qui est renommé Polynésie française d'un conseil de gouvernement pour accroître son autonomie, la nouvelle Constitution de 1958 qui acte le remplacement de l'Union française par la Communauté française à laquelle chaque territoire a le choix d'adhérer ou non procède à l'inverse au renforcement du pouvoir du gouverneur.
Le vice-président du Conseil de gouvernement Pouvanaa Oopa qui n'était pas parvenu à convaincre la population de rejeter l'entrée dans la Communauté lors du référendum constitutionnel de 1958 est arrêté la même année et emprisonné.
Conséquence de la perte de l'Algérie, le centre d'expérimentation nucléaire qui avait été implanté au sud de celle-ci est transféré dès 1962 en Polynésie où s'installe un grand nombre de militaires et de techniciens qui vont au total procéder dans les atolls de Mururoa et de Fangataufa à 46 essais atmosphériques entre 1966 et 1974 puis à 147 essais souterrains jusqu'au démantèlement des installations en 1996.
La révision constitutionnelle de 2003 modifie une nouvelle fois le statut de la Polynésie qui devient une collectivité d'outre-mer.

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